Thursday, March 8, 2012

Henri Minczeles sur Dovid Umru


Une critique de «A la croisée des chemins et autres nouvelles» parue dans Actualité Juive (Janvier 2007) 


Grâce à sa nièce, Odile Suganas, vient de paraître traduit du yiddish, l’ouvrage de Dovid Umru: A la croisée des chemins et autres nouvelles

 Ce livre nous permet d’apprécier un écrivain assassiné par les nazis. S’il avait survécu, il eut été sans nul doute un des meilleurs hommes de lettres de sa génération.

A l’aide de repères biographiques, une postface de Yitskhok Niborski, ces onze nouvelles remarquablement traduites – dont la première sert d’éponyme à l’ensemble – expriment la situation du judaïsme lituanien dans l’immédiate avant-guerre. Umru – qui signifie l’inquiet – est le nom de plume de Liackovitch.

Né en 1910 à Alytus, un shtetl non loin de la frontière polonaise et mort en 1941, ce militant sioniste de gauche puis proche de la mouvance communiste, débute très jeune dans la littérature comme nouvelliste puis s’investit dans des activités théâtrales. Ses écrits sont une peinture fidèle des aspirations de la jeunesse juive en Lituanie.

Dans « Tourmentes », on y rencontre des haloutzim dans des fermes – écoles, des colonies agricoles où le travail manuel est la règle et l’apprentissage de l’existence communautaire une nécessité. Ils aspirent à faire leur aliya, mais bien peu parviendront à gagner Israël.

D’autres récits relatent les conditions d’existence des ouvriers, issus de milieux très humbles et qui doivent gagner durement leur vie dans une société inégalitaire, le tout sur un fond d’antisémitisme qui sévit dans les différents milieux de la société.

Enfin, deux nouvelles : « Le Saint-Jacques » et « Nuit » relatent les persécutions qui frappent les Juifs d’Autriche et d’Allemagne fuyant le nazisme, annonciatrices de la tragédie qui va s’abattre sur l’Europe.

Toute son œuvre dénote un anticonformisme, une révolte qui s’accompagnent d’une prise de conscience contre les injustices et l’ordre établi. Malgré le pessimisme qui parcourt son œuvre, le suicide ou l’automutilation, d’autres jeunes juifs sont animés d’un vibrant espoir dans un avenir qui devait s’annoncer radieux. Mais la Shoah a tout anéanti.

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