Aller en Lituanie …
Pour un Juif, se rendre en Lituanie n’est pas un voyage comme les autres. C’est d’abord une volonté, un désir. C’est tout, sauf du tourisme. Voyage au cœur de la mémoire où l’œil aux aguets regarde, observe tout ce qu’il voit. Tous les Juifs qui se rendent dans les anciens Pays que l’on appelait de l’Est doivent éprouver les mêmes sentiments, certes à des degrés divers. L’écroulement du rideau de fer a donné lieu à la renaissance des pays baltes, en l’occurrence ici, la Lituanie, où vivait une importante communauté juive. Ce pays rayé de la carte en 1944, fondu dans l’Union Soviétique, ses habitants devenant, du jour au lendemain, des citoyens soviétiques.
Depuis 1991, date de son indépendance, la Lituanie est
réapparue sur les cartes géographiques et avec cette résurrection, le fantôme
d’une communauté juive prestigieuse, devenue le porte-flambeau des 250.000 âmes
parties en fumée dans les forêts, les crématoires de Treblinka,
d’Auschwitz, Bergen Belsen et beaucoup d’autres. La population juive
représentait en 1939 10% de celle du pays. Vilnius avant la seconde guerre
mondiale comptait entre 60.000 et 70.000 juifs, avec 10 yeshivot et plus d’une
centaine de synagogues. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une.
Les quelques milliers de Litvaks qui survécurent furent
ceux qui fuirent vers l’Union Soviétique et ceux qui s’engagèrent dans la 16ème
Division lituanienne et eurent la chance d’en revenir. Elle représente de nos
jours 4.500 personnes, chiffre difficile à établir avec les décès, les
émigrations vers Israël, l’Allemagne ou
les Etats-Unis. Mais c’est à Vilnius, la capitale qu’ils se trouvent en
majorité. A Kaunas, seconde ville du pays, il y en a 427, alors qu’il y a 10
ans, ils étaient 700, les 2/3 sont âgés et le nombre de jeunes s’élève à
environ une quarantaine. A Klaipeda vivent aujourd’hui 200 Juifs, Sauliai, 100,
Druskininkai, 11, Telsiai, 5, Alytus 4, Marijampole, 5, Varèna, 1. Ceci n’est
pas une liste exhaustive, mais donne une idée de ce qui subsiste de la présence juive en Lituanie. La
plupart de ces Juifs ne sont pas pratiquants,
la guerre et soixante années de communisme “y ont remédié”. Les plus
âgés naturellement parlent yiddish. De nombreux
Juifs sont venus du temps de l’Union Soviétique pour un mieux vivre et
aussi à des fins d’émigration plus facile. Les fêtes juives sont surtout
l’occasion de réunions sociocommunautaires. Voici déjà plusieurs années, des
groupes nouveaux religieux sont apparus - à côté de la communauté traditionnelle litvake dans la mouvance du Gaon de
Vilna : les Loubavitch à Vilnius, une tendance hassidique à Kaunas ; les
uns et les autres espèrent raviver la flamme d’une communauté qui s’amenuise.
L’administration de la communauté juive, avec à sa tête
Simonas Alperavičius, est installée dans les anciens locaux du Tarbut,
lycée hébreu d’avant-guerre, au 4 de la rue Pylimo. Ceux-ci viennent d’être
remis à neuf grâce au Joint et ont
été inaugurés en 2003. Les architectes, Leonidas Merkinas et Grigorius
Rudnickas ont conjugué le fonctionnel et l’esthétique grâce aux matériaux
utilisés : bois clair lumineux, qui donne un style scandinave des plus heureux
; c’est une réussite. Une salle, la Salle
Jasha Heifetz, permet la tenue de spectacles. En 1998, Vilnius a vu
la création d’un Institut Yiddish où un programme d’été sur la langue et la
culture yiddish a été mis en place. Plus tard, l’Institut a été transféré dans
les locaux de l’Université de Vilnius. C’est l’unique Institut de toute la
région. Des étudiants de tous âges et de tous les pays, Juifs et non-juifs,
viennent y suivre un enseignement qui s’adresse aussi bien aux débutants qu’aux
plus avancés, dont beaucoup de jeunes. Cette année, 78 étudiants sont venus de
16 pays entre autres des Etats-Unis, du Canada, d’Allemagne de Hollande,
d’Israël, de Lettonie… Une ambiance chaleureuse ; des spectacles, des
excursions[i] sont organisés. Cette
année, comme en 2003, Y. Niborski, maître de conférences à l’INALCO y a donné
un enseignement destiné aux étudiants les plus avancés. Un soir au café Baltic, lors d’une soirée conviviale, je
rencontre Sigrid, une allemande sympathique, qui parle couramment un bon
yiddish; je l’en félicite et lui demande la raison de sa connaissance de cette
langue. Elle me répond que, psychiatre de métier, elle avait une patiente,
rescapée des camps, qui ne s’exprimait que dans cette langue, elle la
comprenait assez bien au travers de l’allemand, mais insuffisamment. Elle a
alors décidé de l’apprendre.
Sillonner le pays …
D’Est en Ouest et du Nord au Sud, j’ai sillonné le pays,
traversé villages, bourgs et grandes villes. De l’extérieur, la physionomie du
pays a énormément changé, lorsque je pense à mon premier voyage ici, voici
douze ans - plus de couleurs, plus de vie. Dans les campagnes en revanche, où
d’ailleurs l’on ne croise aucun touriste, l’évolution est beaucoup plus lente,
mais j’y ai vu et senti, disons du mieux vivre. Les jardins des maisons des
anciens sthetlech flamboient de couleurs, comme à Semeliškès.
Sur les hauteurs de Kaunas, dans un des quartiers
résidentiels, une maison élégante où en 1940 Chiune Sugihara[ii], consul du Japon à
Kaunas, alors capitale de la Lituanie, délivra plus de deux mille visas de
transit à des Juifs fuyant la Pologne tombée sous la coupe des nazis,
enfreignant les ordres répétés de Tokyo. Ces visas étaient valables pour une
famille, on estime qu’il sauva ainsi six mille personnes. C’est en décembre
1999, grâce aux efforts d’hommes d’affaires et d’intellectuels lituaniens et
belges, que la Fondation a été inaugurée.
Simon Davidovich, l’actif directeur de la Fondation
Sugihara à Kaunas effectue, en plus de son travail, de nombreuses interventions
pour enseigner la Shoah auprès des classes primaire et secondaire, toujours en
compagnie de témoins. Cette Fondation est un lieu de mémoire : près de
cinq cents élèves sont venus visiter les lieux en 2003 et de nombreux Japonais,
4.000 environ par an, viennent honorer la mémoire de leur compatriote. La
Fondation est également un lieu de formation des enseignants (30 en 2003) sur
l’enseignement de la Shoah.
Julija Menčiunienė, directrice du Fort IX à Kaunas, lieu où
ont été exterminés la plupart des habitants juifs de la ville et de ses
environs et les hommes du convoi 73[iii] - parti de Drancy le 15 mai 44 - a exprimé la
nécessité de former des guides, en particulier pour ce qui concerne “La salle
des Français” que, personnellement nous a t-elle confiée, elle appelle la
“Salle du Souvenir”. Les visiteurs posent des questions et les guides sont bien
souvent incapables d’y répondre.
C’est le général Adolph Urbšas de la 16ème division
lituanienne, qui a demandé que le Fort IX devienne un musée; de cette manière,
les jardins potagers établis dans son périmètre ont été supprimés
Il est intéressant de lire dans un article de Balys
Krasauskas, extrait du journal Tarybu Lietuva[iv],
Lituanie soviétique, daté du 13 septembre 1944, il écrit : ... qu’il est
allé voir ce Fort en compagnie d’un groupe de médecins soviétiques venus du
front. A l’Ouest, j’ai vu un grand terrain où - avant la libération soviétique
- on avait creusé des fosses pour ensevelir les fusillés. Le terrain a été
aplani mais, malgré tout, il est facile de constater que ces lieux sont ceux
des crimes commis par les Allemands. Là, en rangées d’une longueur de 20m croît
une herbe dense, vert foncé, avec des pousses fragiles, qui se cassent au
moindre vent. Par contre, entre les rangées, l’herbe est rare et souffreteuse.
Sur les murs des casemates, j’ai trouvé un grand nombre d’inscriptions gravées
au crayon dans le crépi des murs, à l’aide d’objets métalliques ... Et il
cite des noms.Il continue et reproduit des témoignages de lituaniens, témoins
directs des massacres et de leur déroulement avec la précision scientifique de
leur préparation : Durant les premiers jours de l’invasion allemande, les
intrus ont concentré ici, à peu près un millier de prisonniers de guerre
soviétiques, qui creusaient des fosses dans un terrain de 5 hectares.
De juillet à août 1944, ils ont creusé 14 fosses de 200m de long sur 3m de large et 2m de profondeur. Dès que les fosses ont été prêtes, l’extermination de masse a commencé. Des colonnes de quelques milliers d’êtres humains étaient amenées - femmes, hommes, adolescents, enfants, vieillards - que l’on fusillait ou brûlait. Les habitants des environs appelaient ce Fort, “Le Fort de la mort”. Il continue et écrit plus loin: “Voici quelques inscriptions d’étrangers relevées parmi une multitude de noms inscrits sur les murs des casemates du IXe Fort : Ullmann Karl départ de Drink 15.5.44 arrivé 18.5.44, Nahmias Charles - Où est ma famille ? - A. Steinberg de Paris 12.18.5.44 - Jules Herskovets d’Anvers 18.5.44 de Monaco via Drink-Paris - Wechsler Abraham de Limoges - Paris - Loeb Marcel Wendenheim - Hollander Simon - de Nice Hilaire Roro 18.5.44 - Nous sommes 900 Français - Grad Maurice, Nice 18.5.44 arrivée de 900".
De juillet à août 1944, ils ont creusé 14 fosses de 200m de long sur 3m de large et 2m de profondeur. Dès que les fosses ont été prêtes, l’extermination de masse a commencé. Des colonnes de quelques milliers d’êtres humains étaient amenées - femmes, hommes, adolescents, enfants, vieillards - que l’on fusillait ou brûlait. Les habitants des environs appelaient ce Fort, “Le Fort de la mort”. Il continue et écrit plus loin: “Voici quelques inscriptions d’étrangers relevées parmi une multitude de noms inscrits sur les murs des casemates du IXe Fort : Ullmann Karl départ de Drink 15.5.44 arrivé 18.5.44, Nahmias Charles - Où est ma famille ? - A. Steinberg de Paris 12.18.5.44 - Jules Herskovets d’Anvers 18.5.44 de Monaco via Drink-Paris - Wechsler Abraham de Limoges - Paris - Loeb Marcel Wendenheim - Hollander Simon - de Nice Hilaire Roro 18.5.44 - Nous sommes 900 Français - Grad Maurice, Nice 18.5.44 arrivée de 900".
Il poursuit : Près de l’endroit où l’on fusillait, sous les buissons, nous avons trouvé des bouteilles vides de Französischer Rotwein” (Vin rouge français).
Plus loin, il continue : Dès avril 1944,
c’est dans la cour du Fort que l’on procéda à l’extermination, près du mur
occidental. Dans la dépression du terrain, on prépara un bûcher et
l’incinération continua. J’ai vu ici l’emplacement d’un bûcher de 7m de hauteur
sur 6m de large, des tas de bois prêts à brûler et 5 tonneaux vides de 200
litres, qui avaient contenu du mazout. On peut encore trouver là, contre le
mur, les deux perches couvertes de suie de 3m de longueur, qui servaient à
tourner les corps des malheureux dans les bûchers. Des ossements humains, des
restes d’objets métalliques, des portefeuilles et d’autres choses encore
traînaient par terre... Un amoncellement de bouteilles vides d’eau de vie,
témoigne encore de la bestialité des bourreaux envers les enfants et les femmes
terrifiés.
Ces sortes de lieux d’extermination existent en grand nombre en Lithuanie.
Je remarque que dans ces extraits, comme dans
l’intégralité de l’article - pas une seule fois - le mot « Juif » n’est employé.
Au cours de mes pérégrinations, j’ai pu aussi constater
en visitant des lieux comme Švenčionys, au nord-est de Vilnius, que le musée de
la ville commence à s’intéresser aux Juifs, qu’une vitrine leur est consacrée
et que le cimetière est remarquablement entretenu. Point noir, les restes d’une
svastika sur le monument commémoratif à l’entrée, que l’on a du mal à effacer.
Des stèles ont été érigées sur la grande place, à l’emplacement du ghetto. A Telšiai,
ville de moyenne importance, la grande rue a gardé toutes ses maisons juives.
La synagogue existe, mais maintenant l’intérieur abrite un magasin de meubles.
La boutique, où l’on procédait à l’abattage rituel, est devenue l’Office du tourisme où nous avons été fort
bien accueillis. Quatre bornes délimitent le petit ghetto de 500 personnes sur
les 14.000 de toute la région de Zamaïtie. En regardant l’église, je n’ai pu
m’empêcher de penser à Moïché Rozenbaumas[v], qui chapardait les pommes
dans le grand verger du séminaire catholique ou dans celui du pope russe.
En 2001, à Merkinė, petit village au bord du Niemen au
Sud-est du pays, sur la place du village, j’avais visité un petit musée où un
habitant avait réuni dans une vitrine des photos et des objets se rapportant
aux Juifs et qu’il me montra fièrement.
Le deuxième congrès Litvak
En août s’est tenu à Vilnius le Deuxième Congrès Mondial
Litvak auquel ont assisté 150 personnes en provenance de 12 pays, deux français
y assistaient. Ce congrès a été organisé conjointement avec l’ambassade
d’Israël auprès des Pays baltes, l’Institut yiddish de Vilnius et le musée
d’Art de Lituanie. On ne pouvait l’ignorer car les colonnes Morris - qui
n’existaient pas lors du Premier congrès Mondial des Litvaks - annonçaient tous
les événements en lituanien et en yiddish.
A la différence du Premier Congrès
Mondial Litvak, il y a trois ans, un nombre important de Lituaniens non juifs ont pris part à tous
les événements. Il était impossible de l’ignorer. Le programme cette année a
été dominé par les arts : pictural, musical: jazz, classique, chants et des
extraits de l’opéra La Juive de
Halévy. Ces événements ont été l’occasion de nous faire découvrir les nombreux
lieux culturels de Vilnius : la Philharmonie, le théâtre dramatique,
l’ancien Hôtel de Ville[vi] ...
Le congrès fut marqué par deux expositions de peinture.
La première au musée d’Etat de Vilnius, présentait des œuvres de Raphael
Chwolès, décédé à Paris en 2002, en présence de l’un de ses fils, Alexandre. Il
a rappelé que son père était né à Vilna en 1913, où il avait entamé une
brillante carrière, que la deuxième guerre mondiale avait malheureusement
interrompue. Il en réchappa en fuyant vers Moscou. Les deux premières salles de
l’exposition offraient au regard des tableaux peints dès son retour à Vilna, documents
historiques précieux sur l’état de la ville juive que l’on aurait pu sauver, en
particulier la grande synagogue. Ce qui est frappant dans l’art pictural de
Chwolès est la maîtrise de son coup de pinceau, le calme qui en émane au
constat de cet immense chaos, en opposition avec les sujets peints. Une telle
simplicité dans la description m’a semblé correspondre à la modestie de
l’homme. Là, réside la grandeur de l’artiste. Il avait 33 ans.
La seconde exposition se tenait dans
la galerie de peinture de la communauté, où étaient exposées les œuvres de
Solomon Teteilbaumas, bien connu des parisiens, qui ont eu la chance de le
découvrir à Paris en novembre 2001, où il exposait pour la première fois. Sa
palette s’est étonnamment éclaircie depuis trois ans. Sa vision du monde est
moins tourmentée, elle semble plus sereine, sans avoir pour autant abandonné le
sens du mouvement, inhérent à sa personnalité. Il a aujourd’hui 32 ans.
Une visite était réservée à l’école
d’Etat lituanienne Chalom Aleichem à Vilnius qui accueille 225 enfants,
dont un tiers de non juifs.
Depuis l’indépendance du pays des
témoignages de la présence juive sous forme de plaques commémoratives ont été
posées à Vilnius comme celles des petit et grand ghettos. On peut admirer
aussi la sculpture du Gaon de Vilna sur l’emplacement de la grande synagogue
dans la vieille ville et les plaques en l’honneur du sculpteur Antokolski et de
Jasha Heifetz.
La Conférence de 1993
Je pense au chemin parcouru depuis
octobre 1993, date de la Conférence internationale pour commémorer le
cinquantenaire de la liquidation du ghetto de Vilna (23 septembre 1943).
C’était la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’une
manifestation de ce type et de cette ampleur se déroulait en Lituanie. Je me
souviens combien j’avais été frappée par le fait qu’aucune affiche n’annonçait
l’évènement – pas même à l’extérieur du bâtiment où elle se tenait. En dehors
des organisateurs, des participants, des anciens partisans et des déportés
survivants, ajoutés aux happy few invités - Personne. Cet évènement était vraiment confidentiel. Un excès de modestie –
non, de la prudence ; le sujet était délicat …
Deux thèmes avaient été traités, celui
de six siècles de présence juive et celui de la responsabilité des Lituaniens
dans le génocide juif. Certaines interventions avaient été houleuses, comme
celle d’Ephraïm Zuroff[vii] portant sur La mémoire du meurtre et le meurtre de la
mémoire, lorsqu’il avait minutieusement dressé la liste des actions
antijuives commises par le Front des Activistes Lituaniens (LAF), ou par le 12e
bataillon de la Police auxiliaire sous le commandement du Major Ananas
Impulevičius; ou lorsqu’il a demandé l’autorisation d’ouvrir un Centre Simon
Wiesenthal à Vilnius, pour enquêter sur les réhabilitations des criminels de
guerre … (Ce Centre n’a toujours pas vu le jour). Des historiens lituaniens
avaient alors violemment nié les faits. Parmi eux, L. Truska avait soutenu que
les Lituaniens étaient un peuple de paysans et qu’il n’y avait jamais eu de
pogroms dans le pays… tout en accusant tous les Juifs d’avoir appartenu au
KGB. Plusieurs historiens avaient démontré que c’était faux, et depuis, L.
Truska a reconnu avec d’autres collègues que, par méconnaissance des faits et
par manque d’information, ils s’étaient trompés.
Nous avions vécu des moments
difficiles et émouvants, en écoutant des rescapés comme Macha Rolnikaïté[viii] Alex Faitelson[ix], Fania Brancovskaja[x] et beaucoup d’autres.
C’était la première fois que j’étais en contact direct avec des témoins issus
des détachements de partisans, qui représentaient pour moi une des grandes
épopées de l’Histoire.
Conclure ?
Il paraît maintenant incontestable que
la Lituanie a entrepris son travail de mémoire, comme d’ailleurs un certain
nombre d’anciens pays de l’Est. La Lituanie fait désormais partie de l’Union
européenne, ses habitants se tournent vers l’avenir. Ils sont désireux de
retrouver leurs racines après cinquante ans de négation de leur identité.
Souhaitons que cette recherche les amène à prendre en considération le destin
tragique de leurs compatriotes juifs.
[i] Certaines
scènes du film documentaire Nemt (Prenez)
réalisé par Isabelle Rozenbaumas et Michel Grosman en 2002 en illustrent bien
l’ambiance.
[ii] Visa pour six mille vies de Sugihara Yukiko, traduit du japonais par Karine
Chesneau, ed. Piquier
[iii] Cf. Nous sommes 900 Français, ouvrage
collectif de l’Association « Les Familles et Ammis des Déportés du Convoi
73 »
[iv] Traduction Žibuntas Mikšys, revu et mise en forme par Odile Suganas
[v] L’odyssée d’un voleur de pommes, La Cause des Livres, 2004. Cf. Diasporiques
n°31, p. 44
[vi] Voir Diasporiques n°31, p. 51
[vii]
Historien, chargé de la chaire de Holocaust
studies from the Institute of Contemporary Jewry of the Hebrew University,
Jérusalem. Premier directeur en 1978
du Centre Simon Wiesenthal à Los Angeles
[viii] M.
Rolnikaïté, Le journal de Macha : de
Vilnius au Stutthof 1941-1945, ed. Liana Levi, Prix Mémoire de la Shoah
2003, Fondation Jacob Buchman.
[ix] Faitelson
Alex, Courage dans la tourmente en
Lituanie 1941-1945 : mémoires du ghetto de Kovno, préface de Simone
Veil, l’Harmattan, 2000
[x] Exposition
au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Deimantas Narkevičius dans laquelle
une vidéo lui a été consacrée, Legend
coming True, 3 mars-31 mai 2004.